Les récifs artificiels : une solution pour la biodiversité ?
Article 08/2018

Les récifs artificiels : une solution pour la biodiversité ?

Crédit photos : Wikipedia Commons

Qu’est-ce qu’un récif artificiel ?

Il s’agit d’une « structure immergée volontairement afin de créer, protéger ou restaurer un écosystème riche et diversifié » (IFREMER, 2000).

A l’origine, les récifs artificiels avaient pour objectif de soutenir les métiers de pêche traditionnelle. En effet, la configuration des installations permet de protéger les organismes qui emploient une technique de pêche destructrice telle que la pêche au chalut.

Aujourd’hui, le rôle de ces aménagements évolue. En effet, ils pourraient bien devenir une solution pour restaurer certains milieux qui ont été particulièrement impactés par les activités humaines.

 

L’exemple de la calanque de Cortiou à Marseille

Pendant plus d’un siècle, la calanque de Cortiou a été la destination finale de toutes les eaux usées de Marseille. Même si celles-ci sont traitées depuis une trentaine d’année, les dégâts causés pendant tout ce temps à l’écosystème semblent aujourd’hui irrémédiables. En effet, les particules qui se sont déposées au fils du temps sur le fond marin l’ont rendu parfaitement uniforme. Les espèces marines ne trouvent donc pas le substrat adéquat pour se cacher et se nourrir.

Afin d’endiguer ce phénomène, un vaste projet à vu le jour à l’automne dernier : 36 récifs artificiels ont été immergés dans la calanque de Cortiou. Les scientifiques espèrent une colonisation progressive de ces récifs, tout d’abord par des algues, puis par des invertébrés puis dans les maillons plus hauts de la chaine alimentaire. L’objectif ultime étant de pouvoir attirer à terme des poissons à haute valeur patrimoniale tel que le mérou.

Le Mérou, poisson emblématique de nos côtes et indicateur d’une bonne qualité des eaux.

Crédit photo : Pixabay

 

Dans des zones moins érodées par l'Homme que la calanque de Cordiou, ces récifs pourraient permettre l’installation de nouveaux organismes et  ainsi engendrer un gain de biodiversité. Souvent installés sur des zones sableuses, les récifs artificiels permettent de diversifier les substrats disponibles, offrant ainsi un abri à des organismes qui n’auraient pas forcément choisi cette zone pour effectuer leur cycle de vie.

Mais dans ce cas-là, peut-on vraiment parler de restauration ? Il est vrai que vouloir reconstituer l’écosystème d’origine à la suite d’une dégradation peut sembler illusoire. Cependant, dégrader un milieu, détruire la biodiversité qu’il abrite puis tenter de « sauver les meubles » en immergeant des blocs de béton, est-ce vraiment la solution ? Un milieu rocheux peut-il vraiment remplacer un herbier de posidonie détruit en termes de biodiversité et de services écosystémiques ?

Alors des récifs artificiels, pourquoi pas, mais ces aménagements doivent être intégrés dans une politique de gestion et de protection globale du milieu marin qui passe par la réduction des polluants, des pratiques de pêches respectueuses et une protection accrue des milieux que nous ne saurions remplacer.

 

Le problème ?

Un autre problème au sujet de ces récifs artificiels est la quasi absence de retours d’expérience. En effet, les suivis effectués suite à l’installation d’un récif artificiel se concentrent souvent sur quelques espèces d’intérêts. Il n’y a aucune étude rendant compte de l’ensemble de la biodiversité que peut abriter ce type de récif.

Les récifs artificiels sont-ils une source de biodiversité ou non ? Le mieux c’est d’aller voir par vous-même ! Alors à vos masques et vos tubas et surtout n’oubliez pas de faire remonter vos observations à l’un de nos observatoires du milieu marin :